La Péricardite

Le péricarde est l’enveloppe à double couche contenant le cœur, soit le péricarde viscéral et le péricarde pariétal. L’espace ainsi créé entre les deux couches s’appelle « l’espace péricardique ». Il peut contenir jusqu’à 50 millilitres de liquide séreux servant à lubrifier et à diminuer la friction pendant les contractions cardiaques. Le péricarde sert également à protéger le cœur des infections. Plusieurs causes peuvent entraîner une inflammation du péricarde, appelée communément « péricardite ». La tuberculose est la cause la plus courante dans le monde. Dans les pays développés, de 80 à 90 % des cas sont idiopathiques et les virus sont les agents causals.

Étiologie

La péricardite peut être causée par plusieurs agents infectieux:

  • Virales (fréquentes) : Entérovirus, Herpes, Covid 19..

  • Bactérienne: Tuberculose..

  • Fongiques (très rares) : Aspergillus..

  • Parasitaires: Toxoplasma ..

Causes non infectieux:

  • Auto-immunes (fréquentes): lupus, sarcoïdose..

  • Néoplasique: Tumeur.

  • Métabolique: Urémie, myxœdème..

  • Traumatique et iatrogène: Blessure directe ou indirecte

  • Médicamenteuse (rares): médicaments anticancéreux..

  • Autres: HTAP, Amylose, insuffisance cardiaque chronique ..

La péricardite peut être:

  • Aigue

  • Incessante: Péricardite durant plus de 4 à 6 semaines mais moins de 3 mois sans rémission.

  • RÉCIDIVANTE: Récidive de péricardite après une première épisode documentée et une période asymptomatique de 4 à 6 semaines ou plus.

  • CHRONIQUE: Péricardite durant plus de 3 mois.

Complications de la péricadites aiguë

L’épanchement péricardique (ÉP) survient lorsque du liquide sérosanguinolent ou sanguin s’accumule dans l’espace péricardique en réponse au processus inflammatoire. La majorité des péricardites aiguës d’étiologie idiopathique ou virale sont associées à de légers épanchements péricardiques, contrairement à ceux d’étiologie néoplasique où le risque d’épanchement sévère et de tamponnade est plus élevé.

  • La survenue d’une tamponnade est directement liée à la vitesse d’accumulation du liquide péricardique. En effet, lorsque le liquide s’accumule rapidement dans l’espace péricardique (de quelques minutes à quelques heures), un risque de complications graves, dont la tamponnade, peut apparaître. Un patient en tamponnade présente des signes de la triade de Beck, soit : une hypotension artérielle, une distension des veines jugulaires et des bruits cardiaques lointains à l’auscultation. Aussi, un pouls paradoxal positif (>10 mm Hg) peut être présent. Ces signes cliniques évocateurs constituent une urgence médicale et l’échocardiographie transthoracique demeure l’examen de choix pour établir le diagnostic.

  • La péricardite constrictive est une affection inflammatoire chronique qui correspond au stade avancé du processus inflammatoire du péricarde. La rigidité du péricarde ne permet plus au cœur de se relaxer en diastole et crée une dysfonction au niveau du remplissage ventriculaire appelée « dysfonction diastolique ».

Évaluation infirmière

QUESTIONNAIRE PQRSTUI EN PRÉSENCE D’UNE DOULEUR PÉRICARDITIQUE:



P-PROVOQUER PALLIER • Douleur pleurétique (à l’inspiration profonde ou à la toux)

• Douleur positionnelle (en position de décubitus dorsal)

• Douleur lorsque le patient se penche vers l’avant ou est assis

Q-QUALITÉ/ QUANTITÉ • Douleur serrative, oppressive (Variable en intensité tout au long de l’épisode)

R-RÉGION/ IRRADIATION • Région thoracique, souvent près de l’apex

• Irradiation au niveau du cou, du bras, du dos ou de l’épaule gauche, des muscles trapèzes

S-SIGNES SYMPTÔMES ASSOCIÉS • Douleur souvent précédée d’une infection virale • Dyspnée ..

T-TEMPS • Apparition soudaine • Douleur constante

U-UNDERSTANDING • Cette douleur a-t-elle déjà été ressentie par le patient dans le passé?

• Selon le patient, qu’est-ce que signifient ces symptômes et à quoi sont-ils reliés?

I-IMPACT FONCTIONNEL • Impact des symptômes sur le patient et sa famille

• Impact des symptômes sur les AVD et AVQ

Examen physique ciblé :

  • Signes vitaux: La prise des signes vitaux est essentielle pour évaluer l’état hémodynamique du patient. Dans les cas de péricardite, la présence d’une tachycardie sinusale est fréquente (FC >100 bpm). Un état subfébrile ou une hyperthermie (>38,0⁰C) peuvent indiquer la présence d’un syndrome inflammatoire ou infectieux souvent à l’origine de la péricardite. La fréquence respiratoire peut s’accélérer dans un contexte de douleur et d’anxiété sans toutefois affecter la saturation en oxygène.

  • Auscultation cardiaque: Lors de l’auscultation cardiaque, l’infirmière doit porter attention à un bruit de friction audible en systole et en diastole. Ce bruit de friction caractérise le frottement péricardique. Ce frottement est causé par le mouvement des différentes couches de tissus du péricarde lorsqu’il est enflammé. Il est important d’ausculter le patient en position assise, penché vers l’avant, et ce, à plusieurs reprises, car le bruit peut survenir et disparaître entre deux auscultations ou être absent en présence d’un épanchement péricardique volumineux.

Examens paracliniques

L’électrocardiogramme (ECG): Un changement à l’ECG est visible dans environ 60 % des cas de péricardite. Selon l’évolution dans le temps, il existe différents stades de modifications à l’ECG dans le contexte d’une péricardite. Ultimement, l’ECG se normalisera une fois la péricardite résolue.

  • Analyses sanguines: L’élévation des globules blancs, de la CRP et de la vitesse de sédimentation démontre qu’une réaction inflammatoire ou infectieuse est en cours. Le suivi de ces paramètres permet de surveiller la progression de la péricardite et l’efficacité du traitement. De plus, une augmentation des troponines peut s’expliquer par un infarctus aigu ou une atteinte surajoutée du myocarde appelée « myocardite ».

  • Radiographie pulmonaire: La radiographie pulmonaire permet de déceler des signes de complications telles que des calcifications du péricarde qui témoignent d’une péricardite constrictive, ou encore d’exposer une cardiomégalie.

  • Échocardiographie transthoracique: Pour visualiser un épanchement péricardique, l’ETT s’avère l’examen paraclinique de choix. Ce faisant, il confirme non seulement le diagnostique de la péricardite, mais permet également d’en visualiser les complications possibles comme la tamponnade ou la constriction.

Traitements

Traitements de la péricardite aiguë

Le principal traitement d’une péricardite est de diminuer l’inflammation du péricarde afin de réduire les symptômes et de prévenir les complications. La première ligne de traitement consiste à prescrire la combinaison suivante : des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) et de la colchicine. Le patient doit aussi restreindre l’exercice physique.

AINS: Ils aident à soulager les symptômes, en accélèrent la rémission et diminuent le risque de récidive. À la suite d’un traitement initial de 10 à 14 jours, un sevrage progressif des AINS s’amorce sur une période approximative de 1 à 2 semaines afin d’éviter une récidive des symptômes.

Colchicine: La colchicine est un médicament sécuritaire et efficace dans le traitement de la péricardite aiguë et récidivante. Elle est administrée en concomitance avec les AINS pendant trois mois. Elle diminue les risques de récidive, de réhospitalisation ainsi que la durée des symptômes.

Restriction des activités physiques: Cette restriction d’exercice physique implique d’éviter toute activité et d’adopter un mode de vie sédentaire temporaire. Chez les non athlètes, elle doit être maintenue jusqu’à une résolution complète des symptômes pendant plus de 24 h, une normalisation de la CRP, de l’ECG et de l’ETT.

Corticostéroïdes: Les corticostéroïdes peuvent servir à traiter une péricardite et en réduire les symptômes lorsqu’un patient présente des contre indications au traitement initial ou n’y a pas répondu.

Traitement de la péricardite récidivante

Le traitement initial d’une péricardite récidivante est le même que celui d’une péricardite aiguë, mais sa durée est prolongée. Ainsi, la colchicine sera prescrite pour au moins 6 mois. La présence de facteurs de mauvais pronostics augmente le risque de complications.

Lorsque les patients présentent une péricardite récidivante ou une intolérance au traitement conventionnel, d’autres options thérapeutiques peuvent être exploitées. L’utilisation d’immunoglobuline intraveineuse ou d’agents bloqueurs des interleukines-1 peut être envisagée lorsque les thérapies de premières lignes ne suffisent pas ou sont mal tolérées.

La dernière option thérapeutique d’une péricardite résistante au traitement médical ou d’une péricardite constrictive est la péricardectomie. Elle consiste en une résection chirurgicale du péricarde pour diminuer la compression subie par le cœur.

La péricardite aiguë est due à une inflammation du péricarde. L’infirmière doit s’assurer que le patient comprend bien son traitement pharmacologique. Les interventions infirmières visent à informer le patient sur la prise en charge de la péricardite, à explorer les obstacles à l’observance thérapeutique, à le soutenir dans sa recherche de solutions. Une évolution favorable repose principalement sur un traitement combinant un AINS, de la colchicine et du repos.

L'infirmière a un rôle important d'enseigner le patient afin de favoriser son rétablissement, d’éviter une récidive et d’optimiser le suivi.

Ressources:

  • OIIQ

  • www.coeuretavc.ca

  • «Acute cardiac tamponade». New England Journal of Medicine

  • «Évaluation clinique d’une personne symptomatique». Montréal: Pearson/ERPI.

Précédent
Précédent

La Palpitation

Suivant
Suivant

L'hypertension artérielle