La Palpitation

Les palpitations sont une perception anormale des battements cardiaques qui occasionnent de nombreuses consultations en soins primaires, en cardiologie et aux soins d’urgence.

Sentir son cœur battre vite et fort n’est pas une sensation rassurante.

Les causes de palpitations sont nombreuses.

Il ne faudrait pas banaliser les palpitations, l’information recueillie lors du questionnaire d’évaluation aidera à distinguer les patients à risque de ceux ayant des symptômes plutôt bénins.

Les symptômes de palpitations ont plusieurs causes. Leurs étiologies se divisent en cinq catégories : les arythmies cardiaques, les cardiopathies structurelles, les maladies systémiques, les troubles psychosomatiques et les effets des médicaments, des drogues ou de l’alcool. Certaines sont plus bénignes que d’autres.

Les palpitations associées à des symptômes induisant des troubles hémodynamiques, doivent être jugées en priorité.

Arythmies cardiaques:

L’arythmie cardiaque est difficile à déterminer à cause de sa nature parfois intermittente et peu fréquente .

Les arythmies cardiaques sont une cause identifiée au moment des palpitations par un électrocardiogramme (ECG) ou un moniteur cardiaque.

Certaines personnes ayant de réelles arythmies n’auront aucune palpitation des fois.

Il existe d’autres types d’arythmies cardiaques qui peuvent être associés aux symptômes de palpitations, comme les arythmies supraventriculaires et ventriculaires.

Fibrillation auriculaire:

Elle survient lorsque le courant électrique dans les oreillettes est stimulé de façon anarchique, déclenchant des impulsions aléatoires et parfois rapides vers les ventricules. Il en résulte des battements cardiaques irréguliers.

Le dépistage peut s’effectuer en prenant le pouls de la personne ou un ECG.

Elle est difficile à diagnostiquer lorsqu’elle est paroxystique, soit de courte durée et de présentation variable dans le temps . En raison du risque d’accident vasculaire cérébral (AVC) associé, un dépistage systématique de la FA est recommandé pour les patients de 65 ans et plus lors d’une consultation médicale.

Tachycardie par réentrée au nœud auriculo-ventriculaire:

La TRNAV vient de fibres excédentaires qui entourent le nœud auriculo-ventriculaire (AV). En captant les impulsions électriques, ces fibres provoquent une accélération de l’influx autour du nœud AV qui entraîne une élévation de la fréquence cardiaque. La TRNAV affecte généralement des jeunes femmes et en bonne santé. Elle provoque des palpitations régulières de courte durée, avec un début et une fin brusque.

La TRNAV a un bon pronostic, malgré ses symptômes d’allure menaçante pour le patient, soit des palpitations associées à la dyspnée et parfois même à l’oppression thoracique. Cette arythmie peut être interrompue par une manœuvre vagale, comme la manœuvre de Valsalva modifiée.

Extrasystole ventriculaire:

Les extrasystoles ventriculaires (ESV), se manifeste par un battement prématuré du cœur. Généralement, les ESV isolées sont une condition bénigne présente chez des personnes sans maladie cardiaque sous-jacente. Les symptômes se ressentent comme des coups forts et intermittents dans la poitrine. Le vieillissement, l’hypertension artérielle, les antécédents de maladie cardiaque, la sédentarité et le tabagisme sont tous des facteurs prédisposant aux ESV. Cette dysfonction systolique peut se manifester par des palpitations fréquentes et également par des symptômes d’insuffisance cardiaque décompensée, par exemple de l’intolérance à l’effort, de la dyspnée, de l’orthopnée, de la fatigue et un gain rapide de poids.

Tachycardie ventriculaire:

La tachycardie ventriculaire (TV) provient des ventricules. Elle provoque une accélération de la fréquence cardiaque à plus de 120 battements par minute. La TV peut être de courte durée, soit de quelques battements, avant que le cœur ne reprenne son rythme normal ou elle peut persister et occasionner des problèmes d’instabilité hémodynamique. La cardiopathie ischémique est la cause la plus fréquente. En cas de TV diagnostiquée, un bilan cardiaque plus détaillé est indiqué. Il est fait en fonction des antécédents du patient et du mode de présentation de la TV puisqu’elle est généralement la conséquence d’une maladie du cœur sous-jacente.

Bradycardie et stimulateur cardiaque:

Les bradycardies sévères provoquent rarement des palpitations, mais, parfois, le patient peut se plaindre de battements forts dans sa poitrine.

Les porteurs d’un pacemaker permanent peuvent ressentir des palpitations à cause d’une dysfonction de leur appareil ou d’une mauvaise programmation.

Cardiopathies structurelles:

Les valvulopathies cardiaques comme le prolapsus mitral (un bombement des feuillets de la valve mitrale vers l’oreillette gauche) et la sténose aortique (un rétrécissement de la surface de la valve aortique) sont parmi les cardiopathies structurelles liées aux symptômes de palpitations. S'ajoute aussi les cardiopathies congénitales et les cardiomyopathies comme la cardiomyopathie hypertrophique (un épaississement anormal des parois du ventricule gauche). Quand un patient a des antécédents de mort subite dans sa famille et qu’il se présente avec des symptômes de palpitations soutenues, une cardiopathie structurelle ou arythmique doit être suspectée. Cela est d’autant plus vrai si les palpitations ont été suivies d’une pré syncope ou d’une syncope.

Maladies systémiques:

L’anémie, un pic fébrile, une fistule artérioveineuse, un phéochromocytome (une tumeur des glandes surrénaliennes qui occasionne un excès de catécholamines) ou une grossesse, sont des pathologies qui engendrent un haut débit cardiaque, qui peut causer la palpitation. D’autres causes systémiques peuvent être liées à des palpitations, comme la tachycardie associée à un syndrome orthostatique posturale (POTS), de l’hypotension orthostatique, des dysfonctions thyroïdiennes, de l’hypoglycémie et des débalancements électrolytiques. Des changements de production hormonale peuvent aussi jouer un rôle. En effet, des palpitations surviennent parfois pendant la périménopause. Elles sont généralement bénignes.

Troubles psychosomatiques:

Les palpitations peuvent être causées par des problèmes psychologiques.

Les symptômes d’un trouble panique, d’un trouble d’anxiété et d’un trouble de somatisation ont été les plus fréquemment décrits et associés aux palpitations sans autre étiologie. Les personnes ayant un trouble anxieux ont souvent des épisodes de palpitations, principalement au repos.

Des études ont trouvé que les palpitations des patients qui somatisent davantage et qui vivent de l’anxiété et de la détresse psychiatrique sont rarement liées à des arythmies cardiaques. Le diagnostic d’arythmie cardiaque est moins probable chez les personnes ayant des antécédents de trouble panique et dont les périodes de palpitations durent moins de cinq minutes.

Effets de médicaments, de drogues ou d’alcool:

L’arythmie cardiaque peut être déclenchée ou exacerbée par la prise de stimulants.

La consommation de drogues, des stimulants, peut occasionner une hyperactivité du système sympathique, augmentant le tonus adrénergique et provoquant une tachycardie sinusale et parfois, des tachyarythmies. La marijuana peut également provoquer de l’arythmie et la nicotine, augmenter la fréquence cardiaque et la présence d’ESV. La caféine contenue dans les boissons énergisantes peut entraîner des tachycardies et même de l’arythmie cardiaque chez une clientèle jeune et sans antécédent de santé.

L'alcool peut aussi causer des palpitations et de l'arythmie cardiaque. Le risque de déclencher de la FA avec une seule boisson alcoolisée est doublé chez la population ayant des antécédents de FA paroxystique et cela pour les quatres heures suivant la consommation.




Description des palpitations

Durée:

-Période de temps

-Courte versus persistante

Fréquence et vitesse:

-De façon quotidienne, hebdomadaire, etc.

-De façon régulière ou irrégulière

-Accélération graduelle

-Épisode similaire antérieur

Déclencheur:

-Au repos versus à l’effort

-Changement de posture

-Stress

-Prise d’alcool, de drogue, etc.

Symptômes associés:

-Dyspnée / orthopnée

-Douleur thoracique / Syncope / lipothymie / faiblesse / étourdissement / asthénie

-Irradiation

-Fourmillements dans les mains, boule dans la gorge, douleur thoracique atypique

Fin de l’épisode:

-Arrêt graduel versus spontané

-Prise d’un médicament, manœuvre vagale

Évaluation

Une évaluation initiale comprend une anamnèse complète, un examen physique et des examens complémentaires, dont l’ECG. Une évaluation complémentaire incluant des analyses sanguines et d’autres procédés d’imagerie médicale seront prescrits selon l’histoire du patient et l’expérience du clinicien.

L’histoire du patient doit contenir plusieurs éléments et doivent être recherchés lors du questionnaire.

Il est important de bien décrire le type de palpitations, car leur présentation clinique peut orienter le diagnostic du clinicien.

L’examen physique comprend la prise des signes vitaux et de la glycémie. En vérifiant la pulsation cardiaque, une attention particulière est portée à la régularité du rythme cardiaque.

EXAMENS DIAGNOSTIQUES COMPLÉMENTAIRES:

  • ECG

  • Tests de laboratoire: FSC, électrolytes, créatinine, TSH et glycémie

  • Enregistreur en continu Holter (24 h ou 48 h)

  • Enregistreur mobile et sur demande, le cardio mémo (2 semaines et plus)

  • Échographie transthoracique

Recommandations au patient

Conseiller le patient de s’asseoir et de prendre sa fréquence cardiaque lorsqu’il ressent des palpitations. Avisez-le de prêter attention à la durée et à la régularité de son pouls, s’il est rapide ou s’il semble manquer des battements.

Plusieurs recommandations peuvent diminuer, voire stopper les palpitations: diminuer sa consommation d’alcool ou s’en abstenir si c’est un élément déclencheur de ses symptômes, la cessation du tabac et des boissons énergisantes est à prioriser.

Une bonne gestion des facteurs de risque des maladies cardiovasculaires est bénéfique aux patients ayant des palpitations, notamment le maintien d’un poids santé et le contrôle de la tension artérielle. La pratique régulière de l’activité physique est fortement conseillée. Elle améliore et maintient la santé cardiovasculaire et, en plus, diminue le niveau de stress. L’exercice physique a un effet antidépresseur, anxiolytique et protège contre les conséquences néfastes du stress.

Il est aussi possible de recommander d’autres méthodes aux patients souffrant d’anxiété, de stress ou de symptômes dépressifs. Par exemple, des techniques de relaxation : la méditation, les interventions visant la pleine conscience et le yoga.

Un traitement plus adapté est nécessaire pour les patients souffrant de dépression ou d’un trouble important d’anxiété.

En conclusion, ce ne sont pas les palpitations qui sont dangereuses, mais leurs causes. La référence à un spécialiste en cardiologie ou en électrophysiologie permettra de préciser le diagnostic et de déterminer le traitement lorsque la cause provient des structures ou de l’électricité du cœur.

Ressources:

  • OIIQ

  • «Clinical approach to patients with palpitations». Cardiac Electrophysiology Clinics

  • «Diagnostic approach to palpitations». American Family Physician

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