Risque de déclin cognitif

L'avancement en âge affecte la mémoire, le jugement, l’attention, la capacité d’apprendre et de résoudre des problèmes. Ces atteintes cognitives sont identifiées comme déclin cognitif associé à l’âge, troubles cognitifs légers et troubles neurocognitifs majeurs de type Alzheimer.

Le vieillissement n’est pas le seul responsable du développement d’un trouble cognitif. Le bagage génétique et le parcours de vie d’une personne contribuent aussi à renforcer ou à fragiliser la santé cognitive.

Le cerveau demeure malléable et capable de développer de nouveaux neurones tout au long de la vie. Dans des conditions favorables, il peut s’adapter aux atteintes qui menacent son fonctionnement, d’où l’intérêt d’une stimulation cognitive soutenue tout au long de la vie afin de bâtir une réserve cognitive .

Il n’existe toujours pas de traitement curatif pour ces troubles cognitifs.

Les causes de déclin cognitif

Les causes de déclin cognitif sont l’âge, les troubles cognitifs légers et les troubles neurocognitifs majeurs de type Alzheimer.

Le déclin cognitif relié à l’âge:

Le cerveau se modifie avec l’âge, à la fois dans sa structure et dans ses habiletés à réaliser la diversité de ses fonctions. Ce processus demeure très variable d’une personne à l’autre. Le déclin cognitif relié à l'âge dépend des capacités cognitives qui ont été influencé par le parcours de vie individuel.

Les troubles cognitifs légers:

Ce type de trouble cognitif est identifié par les personnes elles-mêmes, les membres de la famille et les cliniciens lors des tests de dépistage. Les troubles cognitifs légers sont relativement fréquents chez les aînés et touchent, dans certaines études, autour de 22 % des personnes. Moins du quart des personnes atteintes de troubles cognitifs légers développera un trouble neurocognitif majeur dans les trois à dix années suivantes, le trouble cognitif léger peut régresser chez certaines personnes et peut aussi récidiver.

Les maladies de type Alzheimer:

Les deux principales causes de troubles neurocognitifs majeurs sont la maladie d’Alzheimer et la démence vasculaire. Ces troubles peuvent nuire à l’autonomie de la personne atteinte. La progression de la maladie entraîne des atteintes cognitives de plus en plus nombreuses, qui s’aggravent au fil du temps et qui pourront s’accompagner de troubles de l’humeur et du comportement. Dans la population générale, plus de 95 % des cas de troubles neurocognitifs majeurs se développeront après l’âge de 65 ans et environ 80 % surviennent à partir de 75 ans.

Les conséquences d'atteintes cognitives

Les atteintes cognitives deviennent une source importante d’incapacités chez les personnes très âgées. La durée d’une maladie de type Alzheimer s’étend sur sept à dix ans. Aucun traitement curatif efficace n’existe, que ce soit pour guérir la maladie ou en ralentir l’évolution de façon significative. La grande majorité des personnes qui sont atteintes (maladie d’Alzheimer et autres formes de démence) et vivent dans un ménage privé reçoivent de l’aide des soins médicaux (81%), des tâches ménagères et de l’entretien de la maison (83%), de la préparation des repas (88%), du soutien affectif (90%), du transport (92%) et de la gestion des soins (92%), parmi les personnes recevant de l’aide, 85% comptaient à tout le moins en partie sur des membres de leur famille, des amis ou des voisins. L’aidant principal tendait à être le conjoint (46%) ou un enfant d’âge adulte (44%), la plupart du temps une fille (71%).

En 2015 au Canada la maladie d’Alzheimer et les maladies apparentées occupaient le deuxième rang des causes de mortalité, et étaient responsables de 12 % des décès. En 2016, 564 000 Canadiens étaient atteints de troubles neurocognitifs majeurs. 65% des personnes atteintes étaient des femmes et 35 % des hommes.

La Société Alzheimer du Canada estime que chaque personne atteinte de trouble neurocognitif majeur sollicite directement ou indirectement au moins deux aidants. Les personnes aidantes sont majoritairement des femmes. Les besoins requis par les personnes atteintes sont diversifiés, nombreux et croissants tout au long de la maladie, ils ont des impacts chez les proches aidants. La diminution de la participation au marché du travail, la diminution du revenu, des gains à vie et des économies est parmi les impacts financiers. D'autres impacts négatifs sur la santé soit une augmentation des problèmes de dépression, d’anxiété, de stress; une augmentation des comportements à risque pour la santé, une incidence plus élevée de maladies chroniques, et davantage de maladie coronarienne et de mortalité prématurée.

Les facteurs favorisant la santé cognitive

1- L’éducation et la stimulation intellectuelle: La scolarité de niveau primaire ou moins est le facteur individuel le plus fortement associé à la survenue de troubles neurocognitifs majeurs plus tard dans la vie.

2- L’entraînement cognitif: Trois fonctions cognitives: la résolution de problèmes, la mémoire et la vitesse de traitement de l’information. L’entraînement comporte des stratégies reliées aux tâches de la vie courante (ex. : se souvenir d’une liste d’épicerie, comprendre le dosage des médicaments).

Les activités incluent l’apprentissage d’une nouvelle langue, les jeux (ex. : bridge ou mots croisés), l’artisanat et les activités sociales.

3- L’activité physique: Elle représente un facteur important du vieillissement en santé avec des bénéfices qui incluent des améliorations de la qualité de vie en lien, d’une part, avec le maintien de la mobilité et de l’indépendance et, d’autre part, avec des risques plus faibles de plusieurs atteintes chroniques (dépression, HTA, ostéo-arthrite, syndrome métabolique, diabète, accident vasculaire cérébral, maladie coronarienne, blessures consécutives aux chutes).

4- L’alimentation: Plusieurs suppléments vitaminiques ou alimentaires ont des effets positifs sur la cognition comme l'efficacité de la vitamine B12 associée à un supplément d’acide folique.

5- Les interactions sociales: Les interactions sociales pourraient aider à prévenir le déclin cognitif et le trouble neurocognitif majeur. L’isolement social peut découler d’une atteinte cognitive ou la favoriser; il peut résulter d’une dépression ou plutôt contribuer à son développement. Différentes activités sociales ne mobilisent pas les mêmes fonctions cognitives; les femmes semblent mieux réagir à l’engagement social; et certaines activités sociales pourraient générer du stress. De plus, les activités sociales incluent souvent plus d’un volet (ex. : participation et activité physique), ce qui complexifie l’analyse des résultats. L’isolement social comme un des facteurs modifiables sur lequel il vaut la peine d’agir chez les aînés.

6- La qualité du sommeil: Le sommeil joue un rôle dans la consolidation de la mémoire et dans l’élimination de toxines. Une mauvaise qualité du sommeil entraîne des changements métaboliques et inflammatoires susceptibles de favoriser la maladie cardiovasculaire et le diabète. En présence d’apnée du sommeil, il existe de phénomènes inflammatoires et hypo toxiques, lesquels pourraient avoir des conséquences neurodégénératives.

Les principaux facteurs de risque de la santé cognitive sont liés : aux principaux facteurs de risque des maladies vasculaires cardiaques et cérébrales, aux modes de vie, à certaines conditions médicales et à l’environnement physique.

1- FACTEURS DE RISQUE DES MALADIES VASCULAIRES CARDIAQUES ET CÉRÉBRALES:

  • L’hypertension artérielle (HTA): L’accident vasculaire cérébral et maladie vasculaire cérébrale plus discrète constituent d’importants facteurs de risque du trouble neurocognitif majeur. Les antihypertenseurs sont des outils puissants pour agir aux deux niveaux et contribuent à réduire le risque. Traiter l’HTA chez les adultes d’âge moyen peut prévenir ou retarder les maladies de type Alzheimer

  • Le diabète: Un dépistage précoce et un traitement prudent ont le potentiel d’améliorer la santé cognitive, notamment en agissant sur la réduction des maladies vasculaires cardiaques et cérébrales.

  • L’hypercholestérolémie: Le traitement de l’hypercholestérolémie contribue à l’amélioration de la santé vasculaire et à la diminution du risque d’accident vasculaire cérébral et, conséquemment, à la prévention du déclin cognitif et du trouble neurocognitif majeur.

  • L’obésité: La sécrétion de protéines inflammatoires générée par l’excès de tissu adipeux est associée au déclin cognitif et à des dysfonctionnements cognitifs. Une résistance accrue à l’insuline et un excès d’insuline ont des effets négatifs sur la santé cérébrale.

  • Le tabagisme: Les relations entre le tabagisme et les maladies vasculaires cardiaques et cérébrales, et les liens qu’ont ces maladies avec les atteintes cognitives et notamment les maladies de type Alzheimer, que se basent les recommandations en faveur de la cessation tabagique. L’OMS rappelle qu’au niveau mondial, la cessation tabagique amènerait une réduction de 13,9 % des maladies de type Alzheimer. Elle positionne le tabagisme comme l’un des principaux facteurs de risque modifiables du trouble neurocognitif majeur.

2- FACTEURS DE RISQUES LIÉS AUX MODES DE VIE:

  • Les traumatismes cérébraux: Les conséquences des traumatismes cérébraux varient en fonction de leur sévérité; ils peuvent être isolés ou répétitifs. Ils peuvent causer des dommages cérébraux avec des séquelles cognitives persistantes et des incapacités fonctionnelles importantes. Un traumatisme cérébral chez les aînés lors d’une chute, la durée de l’intervalle entre le moment du traumatisme et son évaluation est associée de manière indépendante à des conséquences cognitives plus sévères.

  • Le stress: . Être stressé sur une base quotidienne ou de vivre des niveaux élevés de stress a des conséquences cognitives sur le long cours. Le stress favorise l’apparition de problèmes de santé dû à l’augmentation des taux de cortisol ce qui contribue au développement de maladies cardiovasculaires et la présence de liens indirects avec le déclin cognitif et le trouble neurocognitif majeur.

  • L’alcool: La consommation excessive d’alcool produit des atteintes cognitives.

  • L’abus de substance: Une utilisation abusive des substances (le cannabis, la méthamphétamine, d’opiacés et la méthadone) plus tôt dans la vie auront un lien avec la performance cognitive des consommateurs plus tard dans la vie, au moment de leur vieillesse.

3- FACTEURS DE RISQUES LIÉS À D’AUTRES CONDITIONS MÉDICALES ET LA GESTION DES MÉDICAMENTS:

Les trois facteurs retenus sont: la dépression, les déficits auditifs et les déficits visuels.

  • La dépression: Les dépressions survenant chez les adultes d’âge moyen sont associées à un risque deux fois plus élevé de déclin cognitif ou de trouble neurocognitif majeur plus tard dans la vie.

  • Les déficits visuels: La diminution et la perte d’acuité visuelle sont relativement fréquentes chez les personnes aînées, ils pourraient inclure la diminution des activités sociales et le risque accru de chutes.

  • Les déficits auditifs: Les pertes auditives surviennent chez près du tiers des personnes âgées de 55 ans et plus. L’apparition de trouble neurocognitif majeur à partir de 55 ans est un facteur modifiable chez les adultes d’âge moyen (de 45 à 65 ans) par la prévention des pertes auditives ou leur correction. En plus le désengagement social, l’exigence des demandes cognitives additionnelles pour composer avec ces déficits surtout en présence d’une vulnérabilité cérébrale (ex : maladie vasculaire) amènent à une accélération de l’atrophie cérébrale.

  • La gestion optimale des médicaments: La comorbidité est souvent présente et l’évolution de ces problèmes nécessitent parfois d’augmenter ou de diversifier les traitements pharmacologiques. Il existe un grand nombre de classes médicamenteuses ayant des effets cognitifs négatifs. Les classes médicamenteuses détenant un risque élevé de troubles cognitifs, dont le déclin cognitif, le délirium et le trouble neurocognitif majeur sont : les anticholinergiques, les benzodiazépines, les antagonistes des récepteurs H2, les antidépresseurs tricycliques, les hypnotiques sédatifs, les corticostéroïdes.

4- FACTEURS DE RISQUE LIÉS À L’ENVIRONNEMENT PHYSIQUE:

  • La pollution atmosphérique: La pollution atmosphérique ambiante est associée à une diminution de la performance cognitive chez les adultes d’âge moyen et les personnes aînées. Les polluants atmosphériques ont aussi des effets indirects sur les fonctions cognitives à travers leur contribution au développement de conditions incluant les maladies cardiaques ischémiques, les accidents vasculaires cérébraux, différentes conditions pulmonaires et d’autres maladies chroniques.

  • Les expositions en milieu de travail: L’exposition au plomb entraîne à moyen et à long terme une diminution de la performance cognitive. Il est recommandé d’être proactif dans les milieux de travail utilisant des substances à risque de neuro - toxicité et de mettre en place des programmes de prévention efficaces pour éviter l’exposition neurotoxique chez l’ensemble des travailleurs. Les milieux de travail peuvent être des sources importantes de bruit. Quelle que soit leur origine, la présence de déficience auditive est associée à des performances cognitives diminuées.

En conclusion

  • -Il faut agir sur les principaux facteurs de risque des maladies cardiovasculaires :

-Hypertension

-Diabète,

-Tabagisme,

-Hypercholestérolémie,

-Obésité.

  • Prévenir et traiter la dépression.

  • Gérer de manière optimale les médicaments qui ont des effets sur la mémoire, le sommeil, les fonctions cérébrales.

  • Favoriser les interactions sociales.

  • Favoriser la stimulation intellectuelle et la diversité des apprentissages.

  • Dormir suffisamment et traiter au besoin les troubles du sommeil.

  • Prévenir les chutes et les traumatismes.

  • Éviter la consommation excessive d’alcool.

  • Favoriser une alimentation saine.

Ressources

  • OIIQ

  • Institut national de santé publique du Québec

  • Institut national d’excellence en santé et en services sociaux

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