La Schizophrénie
La schizophrénie est un trouble psychotique chronique qui peut affecter la compréhension du monde de la personne atteinte et sa façon d’interagir avec les autres.
La schizophrénie est un trouble mental grave dont sont atteintes environ 24 millions de personnes, soit une sur 300, dans le monde.
La schizophrénie fait partie des psychoses, entraîne un handicap considérable et peut avoir des répercussions sur tous les domaines de la vie, y compris le fonctionnement personnel, familial, social, éducatif et professionnel.
La stigmatisation, les discriminations et les violations des droits humains des schizophrènes sont courantes.
Causes et facteurs de risque
La cause exacte de la schizophrénie est inconnue. Elle peut avoir pour origine une interaction entre des gènes et un certain nombre de facteurs environnementaux.
Des facteurs psychosociaux peuvent également influer sur la survenue et l’évolution de la schizophrénie. Une forte consommation de cannabis est associée à un risque élevé de schizophrénie.
Le risque de schizophrénie est plus élevé chez les personnes ayant des antécédents familiaux de ce trouble. Le développement de la schizophrénie peut résulter du mode de vie et des facteurs environnementaux, notamment les traumatismes prénataux ou périnataux, les traumatismes du début de la vie ou encore la consommation de substances chez les jeunes présentant une vulnérabilité génétique ou certains symptômes psychiatriques au départ.
Symptômes
La schizophrénie se caractérise par des troubles importants de la perception de la réalité et par des altérations du comportement liées :
à un délire persistant : la personne croit fermement que quelque chose est vrai, malgré l’existence de preuves du contraire ;
à des hallucinations persistantes : parfois, la personne entend, sent, voit, touche ou ressent des choses qui n’existent pas ;
à une sensation d’influence, de contrôle ou de passivité : la personne est convaincue que ses sentiments, ses impulsions, ses actions ou ses pensées viennent de l’extérieur, lui sont imposés ou retirés par autrui, ou que ses pensées sont transmises à autrui ;
à une désorganisation de la pensée, qui se manifeste souvent par un discours confus ou non pertinent ;
à une désorganisation extrême du comportement, par exemple la personne semble se comporter bizarrement ou de façon absurde, ou a des réactions émotionnelles imprévisibles ou inadaptées qui l’empêchent d’avoir un comportement adéquat ;
aux « symptômes négatifs » (appauvrissement marqué de l’expression orale, émoussement affectif, incapacité à éprouver de l’intérêt ou du plaisir et retrait social) ; et/ou
agitation extrême ou ralentissement psychomoteur, adoption de postures inhabituelles.
Les personnes atteintes de schizophrénie éprouvent souvent des difficultés cognitives persistantes (au niveau de la mémoire, de l’attention et de la résolution de problèmes).
Au moins un tiers des personnes atteintes de schizophrénie connaissent une rémission complète des symptômes . Chez certaines autres, on observe une aggravation et une rémission périodiques des symptômes tout au long de la vie tandis que chez d’autres encore, les symptômes s’aggravent progressivement au fil du temps.
Ampleur et impact
La schizophrénie touche environ 24 millions de personnes, soit une sur 300 (0,32 %), dans le monde. Elle débute le plus souvent à la fin de l’adolescence et entre 20 et 30 ans, et généralement plus tôt chez les hommes que chez les femmes. Elle est souvent associée à un stress et à une déficience importante dans les domaines: personnel, familial, social, éducatif, professionnel et d’autres domaines importants de la vie.
Le risque de décès prématuré est deux à trois fois plus élevé chez les sujets atteints de schizophrénie que dans la population générale.
Les personnes atteintes de schizophrénie sont souvent victimes de violations des droits humains, sont très souvent victimes d’une forte stigmatisation, qui entraîne une exclusion sociale et a une incidence sur leurs relations avec l’entourage, y compris la famille et les amis.
Dans les situations d’urgence, les schizophrènes sont plus vulnérables que les autres à diverses violations des droits humains, notamment la négligence, l’abandon, l’absence de logement, la maltraitance et l’exclusion.
Schizophrénie et tabagisme
Le tabagisme est extrêmement répandu chez les personnes atteintes d’un trouble du spectre de la schizophrénie. Leur taux de tabagisme est de trois à six fois plus élevé que celui de la population générale. Bien que la cause exacte soit toujours inconnue, plusieurs théories et hypothèses existent sur le sujet.
Les théories psychosociales : La théorie de la personnalité associe le taux élevé de tabagisme à certains traits individuels tels que l’anxiété. Ces traits de personnalité sont en effet plus présents chez les patients atteints de schizophrénie que dans la population Générale.
Le facteur génétique : Les personnes schizophrènes et celles dépendantes à la cigarette ont plusieurs combinaisons de gènes identiques.
1. les personnes psychotiques ont trois fois plus de risques de fumer;
2. les fumeurs sont un peu plus à risque de développer un épisode psychotique que les non-fumeurs (moins de 1 %), d’autant plus s’ils ont commencé à fumer à un jeune âge;
3. l’usage quotidien de la cigarette peut accélérer d’un an le développement d’une première épisode psychotique;
4. la majorité (57 %) des personnes souffrant d’un trouble psychotique fumaient avant leur première épisode.
L’automédication : Finalement, la théorie de l’automédication est la plus répandue chez les professionnels de la santé œuvrant en santé mentale.
La nicotine
Le recours à la nicotine leur procurerait des bénéfices, par exemple un effet calmant. Plus précisément, la nicotine agit sur le système dopaminergique – le principal système de neurotransmetteurs impliqué dans la physiopathologie de la schizophrénie. La schizophrénie est causée par un débalancement de la dopamine dans le cerveau. La nicotine contenue dans le tabac stimule la production de dopamine dans le cortex préfrontal. Elle vient donc atténuer les symptômes négatifs.
La nicotine améliore les capacités cognitives, notamment l’attention, la mémoire de travail, la motricité fine et la mémoire épisodique. Tous ces éléments sont habituellement déficients chez les patients psychotiques.
La nicotine contribue notamment à réduire l’intensité des hallucinations auditives.
Enfin, la fumée du tabac diminue la concentration sérique de plusieurs antipsychotiques. Elle réduit les effets secondaires de la médication, mais également son efficacité.
Les conséquences du tabagisme
La schizophrénie est le trouble psychiatrique qui compte la proportion la plus élevée de fumeurs. Selon Callaghan et al. (2014), 53 % des décès des patients âgés de plus de 35 ans et atteints d’un trouble du spectre de la schizophrénie sont attribuables à des maladies liées au tabac.
Étant donné que la majorité des antipsychotiques, principalement ceux de deuxième génération, peuvent entraîner des perturbations métaboliques, par exemple un gain pondéral, du diabète et de la dyslipidémie, les fumeurs prenant ces médicaments sont plus à risque de développer des maladies cardiovasculaires. Ainsi, après le suicide, les maladies cardiovasculaires sont la principale cause de décès des personnes schizophrènes. Comparativement à la population générale, elles ont deux fois plus de risques de mourir de maladies coronariennes.
La cessation tabagique est un enjeu « de vie ou de mort » pour les personnes souffrant d’un trouble du spectre de la schizophrénie.
Les patients schizophrènes sont moins conscients des impacts du tabagisme sur leur santé si on les compare à la population générale. L’enseignement sur les effets néfastes de la cigarette peut donc être un bon moyen de promouvoir la cessation tabagique auprès d’eux.
Lorsqu’un patient désire arrêter de fumer, le psychiatre doit en être informé et le dosage de ses médicaments doit être ajusté.
La période pendant laquelle un patient poursuit un traitement de méthadone pour réduire sa consommation d’opiacés n’est pas le bon moment pour entamer une démarche de cessation tabagique. En effet, un arrêt de la cigarette pourrait exacerber les symptômes du sevrage d’opioïdes.
Prise en charge et appui
Il existe plusieurs options thérapeutiques efficaces pour les personnes atteintes de schizophrénie : les médicaments, la psychoéducation, les interventions familiales, la thérapie cognitivo- comportementale et la réadaptation psychosociale. L’aide à la vie quotidienne, le logement avec services de soutien et l’emploi aidé sont des possibilités essentielles qui devraient être proposées aux personnes atteintes de schizophrénie. Une approche axée sur le rétablissement – visant à donner aux personnes la possibilité de prendre des décisions au sujet de leur traitement – est essentielle pour les personnes atteintes de schizophrénie et pour les familles et/ou les aidants.
Quelques ressources à offrir:
Info social 811
Services urgences 911
Médecin de famille
Centre local des services communautaires CLSC
Psychologue ou psychothérapeute
Association québécoise des programmes pour premiers épisodes psychotiques (AQPPEP)
Ligne pairs aidants famille 1 800 349 9915
Ligne d’aide et de prévention du suicide au 1 866 APPELLE (277-3553)
Ressources:
OIIQ
schizophrénie.qc.ca
la schizophrénie - Canada. ca
Organisation mondiale de la santé - schizophrénie